Utilisateur:Bastenbas/Pompadour

De Anekdotos

Mme de Pompadour

Lettre XVII

A Mlle. ALEXANDRINE. 1747.


« Comment vous portez vous, mon bel ange ? Tout le monde me dit que vous fesez honneur à votre mère, & mon cœur m'en assure. Vos dames sont fort contentes de vous : elles ne peuvent se lasser de louer votre esprit & vos grâces. Continuez à méditer leur tendresse & leur soins, si vous voulez me plaire, & vous faire un jour estimer. Venez me voir vendredi prochain avec votre amie, Mlle de Rosières. Le roi vous aime comme sa fille, & vous caressera : il me parle souvent de vous. Je ne doute nullement que quand il s'agira de vous établir, il ne fasse quelque chose de considérable pour vous. Adieu, ma chère enfant, ayant soin de votre santé, & aimez votre mère autant qu'elle vous aime. »


Lettre XXXIII

A Mlle. ALEXANDRINE. 1748.


« J’ai reçu à votre sujet une lettre qui m’afflige. On me dit que vous êtes hautaine & impérieuse avec vos compagnes, & que vous commencez à devenir très indocile. Pourquoi affligez-vous le cœur de votre mère ? Pourquoi la mettez-vous dans la triste nécessité de se plaindre de vous ? Je vous avais tant recommandé d’être douce, modeste & affable, comme le seul moyen de plaire à Dieu & aux hommes. Avez-vous si-tôt oublié mes leçons ? Voulez-vous me mettre dans le cas de rougir de vous ? J’espère que vous changerez de manière par égard pour moi & pour vous-mêmes. Point de grands airs, ils ne conviennent à personne, & encore moins à vous qu’aux autres. Si je vous fais élever comme une Princesse, songez que vous êtes bien éloignée d’en être une. La même fortune qui m’a fait élevée peut changer, & me rendre la plus malheureuse des femmes ; en quel cas vous feriez comme moi, moi du tout. Adieu, ma chère fille ; vous savez que je ne respire que pour vous, que c’est pour vous que j’aime la vie. Si vous me promettez de vous corriger, je vous pardonne & et vous embrasse, &c. »